Des règles zéro déchet : la coupe menstruelle.

Cela fait maintenant cinq ans que j’ai adopté la coupe menstruelle. Je pense être alors en mesure de faire mon retour d’expérience.  En revanche je n’ai utilisé que les modèles adaptés pour les femmes nullipares, mon article ne portera donc que sur ces derniers. Lorsque j’ai découvert ce système j’ai tout de suite été conquise par l’idée de ne plus jeter dans la nature des protections usagées pleines de produits chimiques et de parfums de synthèse. J’ai très souvent été dégoûtée et rebutée dans les toilettes publiques de devoir jeter dans la poubelle commune mes propres protections usagées, d’autant plus qu’il faut penser, aussi, aux femmes de ménage qui doivent les vider.

Même si certaines femmes ne sont pas à l’aise avec la Cup parce qu’il faut être à l’aise avec son corps et son intimité, l’usage des protections non jetables commence à rentrer dans les mœurs et c’est tant mieux.

I- Qu’est-ce qu’une coupe menstruelle? 

On va dire que ça ressemble à un entonnoir, sans le trou en bas pour évacuer les fluides. Certaines d’entre elles sont munies d’une petite tige ou d’un anneau afin d’en faciliter l’extraction mais je n’ai jamais trouvé cette tige utile. Le silicone utilisé est médical et spécialement étudié pour être introduit dans le corps féminin.

Certaines marques parfument leurs produits, moi je trouve cela inutile. La plupart du temps un petit sachet en tissu est vendu avec la cup.

Quelques marques en vrac : MoonCup, Meluna, Diva Cup...

II- Comment poser la coupe menstruelle?

En fait c’est assez simple, Il est vrai que la pose de la coupe demande une certaine gymnastique ( en fait il faut avoir un brevet de contorsionniste ah ah!) et une aisance avec notre corps de femme. Généralement la position accroupie paraît plus confortable et plus physiologique car elle facilite la bonne inclinaison de la coupe par rapport au col de l’utérus. Mais, en fait, vous faites comme vous voulez. L’important est d’avoir les mains bien propres et que la coupe elle-même soit propre aussi.

Plusieurs marques proposent des « tutoriels » pour l’introduction de la bête.  Je pense qu’il faut aussi laisser faire votre instinct.  Généralement on parvient à la mettre assez facilement et le tour est joué. Elle doit juste être bien plaquée contre les parois du vagin (d’où l’effet ventouse, « amie de la poésie bonjour ») afin d’éviter toute évasion sanguinolente.

III- Comment l’entretenir?

Chaque mois c’est important de stériliser la coupe, de bien la nettoyer avec de l’eau et du savon, de la sécher et de la ranger dans le petit sachet en tissu généralement vendu avec.

On stérilise la coupe en la plongeant dans l’eau bouillante pendant plusieurs minutes (on peut aller jusqu’à 7 minutes). La stérilisation va permettre de tuer les germes et rendre la coupe utilisable pour le cycle suivant.

IV- Les inconvénients de la coupe menstruelle.

  c’est cher à l’achat : on peut en trouver entre 10 et 30 euros soit sur internet soit   dans les magasins bio. C’est tout de même un investissement assez important d’un seul coup.

quand ça fuit: si la coupe est mal posée ou si les règles sont trop abondantes, ça peut déborder. Évidemment ce désagrément n’est pas agréable à vivre surtout si on est au travail ou si on n’a pas de toilettes à proximité. On peut aussi rencontrer ce type de problème avec des serviettes classiques.

Certaines femmes éprouvent du dégoût. En effet, l’idée de « voir » son sang et de devoir le vider peut répugner certaines femmes. Ce n’est d’ailleurs pas toujours le fait d’être à l’aise ou mal à l’aise avec son corps mais plutôt avec un fluide qui ne fut jamais considéré comme « noble » a contrario du liquide séminal (porteur de vie). Je pars du principe qu’il ne faut jamais forcer si la répugnance est trop forte.

il faut avoir des toilettes pas loin : vous me direz, c’est pareil pour les protections plus traditionnelles. Pas tout à fait! Il est plus difficile de vider sa coupe sans toilettes et lavabo à disposition. Un point d’eau est donc nécessaire, tout simplement pour des questions d’hygiène. Je pense aux femmes en situation très précaires, qui sont parfois à la rue, la coupe menstruelle, si elle n’est pas stérilisée, peut poser problème.

et le choc toxique alors? :  il est présent mais beaucoup moins qu’avec des tampons classiques. Il faut juste respecter les règles d’entretien et de stérilisation de la coupe. Le choc toxique peut être très grave car il peut entraîner de sévères dégâts pour la santé de l’utilisatrice qui peut aller jusqu’à l’amputation.

 

V- Les avantages de la coupe menstruelle :

Ils sont nombreux et c’est pour ces avantages que je ne reviendrai, je l’espère, pas en arrière. En adoptant la Cup on peut :

économiser de l’argent : les protections classiques représentent un coût énorme dans le budget mensuel d’une femme. Une coupe menstruelle, à l’achat revient à une trentaine d’euros, au bout de quelques mois, elle sera amortie en n’achetant plus de tampons ou de serviettes industriels. La LMDE, mutuelle des étudiants, propose même le remboursement des protections hygiéniques  pour ses adhérentes. Les mentalités commencent à changer.

évaluer plus facilement le flux perdu : en effet, le principe de la coupe est de recueillir le sang perdu. Ainsi on arrive à savoir exactement combien de millilitres  on perd tous les mois. Ce peut être très instructif, surtout si on a des règles abondantes ou des caillots sanguins. Avec des serviettes classiques, jetables ou en tissu, ce constat est plus difficile à faire.

constater qu’il n’y a pas d’odeur : parlons d’odeurs. Qui n’a jamais été dérangée par l’odeur du sang oxydé dès qu’il sort de notre corps? En fait ce désagrément est dû à tous les produits chimiques incrustés dans les produits industriels. Avec la coupe menstruelle l’odeur n’est pas présente,le sang ne sent pas, à part son odeur naturelle de sang. C’est l’une des premières étonnantes constatations que j’ai pu faire.

  avoir une grande liberté de mouvement : comme un tampon elle n’est pas gênante malgré sa taille imposante. Ayant des règles extrêmement douloureuses, je craignais être gênée par le port de la coupe, en fait il n’en est rien. Les mois où je suis moins handicapée par la douleur je peux faire du sport tout en étant protégée.

 

VI- Une question de choix : 

Parfois certaines femmes se sentent oppressées par toute cette tendance écolo (un peu bobo aussi) et un peu agressées et bousculées dans leurs habitudes. Chacune d’entre nous fait son choix éclairé avec son vécu de femme. Les mois passent et ne sont pas toujours les plus simples à vivre au niveau de la douleur. J’espère qu’un jour nous passerons à l’ère du moins jetable.

Judy Chicago, Menstruation Bathroom, 1972

Si la coupe menstruelle rebute il existe les culottes de règles et les serviettes en tissu qui sont deux autres alternatives aux serviettes et tampons industriels bourrés de produits chimiques. Des articles sur le sujet seront à venir.

Mention spéciale pour Judy Chicago, artiste féministe américaine du XXe siècle, qui a su montrer une des réalités de la vie de femme menstruée dans une de ses installations. Nous ne pouvons pas échapper, au moins durant une période de notre vie, à ce flux qui doit bien s’écouler quelque part tous les mois.